Les Nouvelles du Quartier de l'Etang

Interview de Xavier Jeanneret

« MON AMBITION A TOUJOURS ETE DE CONSTRUIRE DES QUARTIERS MIXTES ET DYNAMIQUES »

Xavier Jeanneret, directeur général de Urban Project SA, société spécialisée dans le pilotage de projets complexes, nous présente son parcours et les spécificités de la gestion d’un projet comme celui du Quartier de l’Étang.

 
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La réalisation du plus grand projet immobilier de Suisse, EVOLUTION+ / Quartier de l’Étang, qui verra ses premiers habitants prendre leurs logements cet été, c’est eux. Le projet de reconversion urbaine de l’ancien quartier de l’Arsenal à Bulle et les 800 habitants qui viendront s’installer aux Jardins de la Pâla, c’est encore eux. Small City au Petit-Lancy, le premier centre de services, de commerces, d’artisanat et d’industrie de Suisse, aussi, tout comme Rossi 16, ce paquebot de verre au cœur des Pâquis désormais bien connu des Genevois. La liste est longue et non exhaustive.
Derrière toutes ces réalisations se cache une formidable fourmilière de talents. Une équipe d’une quarantaine de spécialistes, qui forment le cœur de la société Urban Project SA, spécialisée dans le pilotage de projets complexes, allant de la réalisation complète de quartiers à la construction ou la transformation de bâtiments. Malgré son omniprésence en Suisse romande, la société demeure cependant très discrète et peu connue du grand public.
Une situation qui risque toutefois de changer, comme nous l’explique Xavier Jeanneret, directeur général : « Au sein du secteur de la construction, nous sommes connus et reconnus, mais il est vrai qu’il est important de donner de la visibilité dans notre rôle de pilote pour les grands projets. Et nos 10 ans d’existence cette année nous donnent un formidable prétexte pour faire davantage parler de nous !

Urban Project et vous-même êtes indissociables. C’est une sacrée aventure entrepreneuriale… et de vie !
Je crois que l’on peut dire ça   oui ! Cela fait aujourd’hui 10 ans que j’ai fondé Urban Project SA et que je     la dirige. Or une décennie, dans le monde du travail actuel qui est de plus en plus « volatil », c’est long ! Et pas uniquement sur le plan entrepreneurial. Car notre métier, c’est avant tout une aventure humaine quotidienne, dans laquelle il faut autant investir d’énergie que dans la croissance même de la société, car les deux sont intimement liées. Ma rencontre avec Claude Berda et Jean-Bernard Buchs, son administrateur, a ainsi été déterminante. Ils m’ont fait confiance en créant une société immobilière, Privera Construction Management, et ils m’ont permis, au fil du temps, de faire ce dont j’ai toujours rêvé : construire des quartiers qui allient l’habitat, le loisir,  et  le travail. Un triptyque clé selon moi qui, s’il est harmonieusement organisé, devient la clé de voute pour générer une dynamique urbaine positive.

Avant de plonger au cœur de votre expertise, opérons un petit retour en arrière sur votre parcours. Pourquoi avoir choisi l’architecture ?
C’est tout d’abord par passion. Et puis, il faut dire que j’avais un nom prédestiné à évoluer dans cette branche (ndr : Jeanneret est le nom de Le Corbusier) !  Toutefois, je ne me suis pas tout de suite dirigé vers ce domaine, on peut dire que mon parcours est hétéroclite. Je ne perçois cependant nullement cela comme un défaut, mais comme une force au travers d’une accumulation de savoirs qui me servent tous aujourd’hui à un niveau ou à un autre.

J’ai donc d’abord suivi une école d’ingénieur à l’âge de 15 ans, car c’était la seule école technique qui nous apprenait un métier. Avec le recul, je me rends compte que cette formation m’a beaucoup aidé à comprendre tant les aspects techniques, la conceptualisation, le dessin que la statique des bâtiments. J’ai ensuite passé mon brevet d’aviation, espérant devenir pilote, puis j’ai suivi une filière de management en école militaire qui s’est révélée être une formation complémentaire très utile aujourd’hui.

Le tournant vers l’architecture s’est opéré à l’issue de ces formations, avec un diplôme de synthèse en image numérique obtenu à l’ECAL. Un cursus qui traduit aujourd’hui ma sensibilité sur la manière de mettre en valeur un projet avec des images de synthèse et des présentations qui ne sont pas des artifices, mais qui rendent compte de la qualité des projets.

Après ces trois écoles, j’ai rapidement créé ma propre société. Je faisais des villas haut standing, je pense en avoir construit plus de cent à l’époque. Mais bien que j’apportais une réponse à des besoins, ce qui était hautement satisfaisant, j’avais envie de passer à la vitesse supérieure. Mon objectif était de créer des quartiers mixtes, mêlant l’habitat, le loisir, et le travail. Et c’est là où la rencontre avec Claude Berda et Jean-Bernard Buchs a été déterminante, comme je l’expliquais plus haut, car ils m’ont fait confiance et m’ont donné un premier cadre parfait pour concrétiser mes ambitions... et le reste a suivi ! Et outre la construction de quartier mixte, j’ai toujours eu un rêve.

Lequel ?
Celui de construire un parc d’attractions, qui est un univers qui me fascine. Dans mon métier, tout repose sur la fonctionnalité. A ce titre les parcs d’attractions s’imposent comme de vrais « terrains de jeu ». Ces objets de loisirs sont en effet pensés comme un ensemble, tout en étant dans le même temps extrêmement exigeants au niveau logistique, sécurité, fluidité de la circulation des visiteurs, gestion de commerces, etc. Les visiteurs s’attendent à oublier tous leurs repères spatio-temporels dans une atmosphère enchanteresse et, afin qu’ils s’y sentent entièrement immergés, les architectes doivent construire un véritable univers en cohérence avec le thème. Un beau défi !
 
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Revenons maintenant à Urban Project SA. Votre société ne fait-elle pas doublon avec les entreprises générales ?
Non pas du tout, car nous sommes garants de la construction dans sa globalité, contrairement aux entreprises générales qui pilotent les constructions. Nous sommes comme un chef d’orchestre qui écrit les partitions et qui veille à donner le ton de la musique. Dans les faits, nous commençons par acheter le terrain, conceptualisons et développons tout l’ensemble, y compris les aménagements extérieurs, la technologie, la durabilité et la mise en valeur commerciale. C’est précisément cette vision d’ensemble qui séduit nos clients.

Vous êtes impliqués dans le Quartier de l’Étang, pouvez-vous nous donner votre regard sur ce projet d’envergure du Canton de Genève ?
Ce quartier est pour moi unique, et ce à plusieurs titres. Unique par sa grandeur, sa densité et sa programmatique. C’est une ville dans la ville qui offre aux générations futures un espace de jeu pour créer la société de demain qui leur conviendra.
Unique aussi au niveau de la métamorphose du site, qui est passé d’une zone industrielle vécue jusque-là comme un faisceau de contraintes et de nuisances, à un quartier comme celui-ci. Nous avons réussi notre pari de démontrer le fort potentiel urbanistique de ce site pour en faire un lieu de vie. Nous avons aussi de la chance d’avoir des partenaires bancaires et financiers de qualité qui nous ont fait confiance. 
Unique enfin sur la rapidité d’exécution des travaux, qui m’étonne de jour en jour.
Cela fait 11 ans que je porte ce projet, en compagnie de ses principaux acteurs et de mes équipes. Il faut comprendre que ce n’est pas une mince affaire de faire fonctionner ce chantier d’un seul tenant avec toutes les contraintes que vous pouvez imaginer...

Quel genre de contraintes ?
Son organisation même est un immense casse-tête. Or dans ce genre de projet aussi grand et aussi complexe, la planification, la logistique et la sécurité sont les clés de la réussite. C’est pourquoi, dès le début, nous avons créé des postes uniques comme une personne dédiée à la planification, une autre au niveau de la logistique et bien évidemment un poste incontournable qui a trait à la sécurité. 

À quoi pouvez-vous maintenant vous attendre avec ce projet ? 
Même si je n’ai pas de boule de cristal, je sais que je vais avoir encore de nombreuses nuits blanches, mais peu importe ! Je suis quelqu’un de pragmatique et mon objectif est de faire vivre dans un même espace les locataires commerciaux et ceux des logements qui vont commencer à arriver au cours des six prochains mois. Nous allons planter les arbres au mois d’octobre, une école et une crèche seront opérationnelles en septembre prochain, puis les commerces suivront en ouvrant les uns après les autres. Tout cela demande une planification sans à-coup, une chorégraphie parfaitement orchestrée. Et c’est là précisément notre rôle.

Comment faites-vous pour gérer tout cela ?
Je ne suis pas tout seul heureusement. Je suis très fier de mes équipes qui se donnent corps et âmes pour ce projet. Des personnes qualifiées à l’image de Cyril Pitteloud qui fait un immense travail pour les aménagements extérieurs et également Yannick Orset qui dirige le projet d’une main de maître et qui apporte sa sensibilité humaine pour trouver les bonnes solutions. Les gestionnaires des preneurs également, ou encore les réceptionneurs qui sont au cœur du système pour répondre aux besoins d’usage des commerçants. En effet les espaces son brut et la réalisation se fera en fonction du type d’activité et des besoins des clients.
C’est cette machine, désormais parfaitement huilée, qui fait que demain nous pourrons construire de nouveaux projets toujours plus innovants. Cette expérience vaut toutes les universités du monde.

Pour terminer, souhaitez-vous rajouter un élément ?
Oui, je suis fatigué de voir que les promoteurs ou développeurs immobiliers sont systématiquement critiqués. Le flair d’un bon développeur est de comprendre comment la ville bouge.  Une gare à un endroit, des zones industrielles qui se réinventent. Le développeur s’engage à lier un territoire donné et travaille avec une multitude de personnes, de corps de métier différents pour faire éclore un projet de vie. La part de risque n’est, elle aussi, jamais prise en considération. Il ne faut pas se le cacher, c’est uniquement grâce à la vision d’investisseurs que de nouveaux habitants recevront cet été les clés de leur appartement flambant neuf. Un nouveau départ offert au coeur d’un futur quartier aussi innovant que dynamique !
 

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