Les Nouvelles du Quartier de l'Etang

Interview de Yannick Orset

«â€‰LA MAGIE DES GRANDES VILLES EST D’AVOIR DIFFERENTS CÅ’URS. LE QUARTIER DE L’ÉTANG EN SERA UN NOUVEAU »

Actuellement directeur de projet pour Urban Project SA du plus important chantier de Suisse romande: EVOLUTION + / Quartier de l’Étang, Yannick Orset nous dévoile les coulisses d’un métier parfois méconnu, sur lequel repose le bon déroulement et le développement d’un projet immobilier.
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Annoncé comme le plus grand chantier privé en Suisse romande, le Quartier de l’Étang a fait le pari fou de réaliser l’ensemble de ses constructions en seulement cinq années. Un centre d’activités commerciales et de loisirs, une école, 3 hôtels, des surfaces de bureaux, une résidence services, une résidence étudiante et pas moins de 870 appartements (locatifs et PPE), voilà un bref aperçu de l’ampleur du projet.
Derrière tout cela, au sein d’Urban Project SA, représentant du Maître d’Ouvrage, une dizaine de personnes s’emploie quotidiennement à piloter et organiser chaque étape de ce chantier d’envergure afin d’offrir en un temps record, la nouvelle ville dans la ville qui accueillera bientôt ses futurs usagers et habitants ; un véritable espace de vie agréable et dynamique. À la tête de cette équipe, Yannick Orset, directeur de projet chez Urban Project SA depuis plus d’1 an.

Vous occupez le poste de directeur de projet chez Urban Project SA depuis 1 an et demi, mais pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste ? Pourquoi est-ce si important ?
Un directeur de projet est une personne chargée de diriger, d’administrer un projet, d’en assurer le suivi, de coordonner les opérations et de les conduire pour atteindre l’objectif visé.  En quoi est-ce important ? C’est un rôle clé, passionnant et diversifié qui, selon cas, m’octroie la charge de répondre au 144 !

Sur quels projets travaillez-vous en ce moment ?

Actuellement, je me consacre à un seul projet, celui du quartier de l’Étang. D’ailleurs, ce serait plutôt LES projets du quartier de l’Étang. Le challenge ici, ce sont les multiples projets qui se superposent, s’imbriquent, se complètent et parfois se confrontent. Si cela complexifie le travail, cela le rend également très intéressant. En ce qui me concerne, les temps sont l’Étang !

Justement, quel est votre rôle au sein du Quartier de l’Étang ?

Il y a toute une équipe en charge du projet, dont je coordonne les activités. Chacun d’entre nous à son rôle et son champ d’action. Nous sommes comme une brigade en cuisine, avec un rush et une organisation pareille à un samedi soir. Seulement, pour nous, le samedi soir a commencé au printemps 2018 et se terminera au printemps 2023.

En quoi ce projet se différencie-t-il des nouvelles constructions que l’on peut croiser en Suisse romande ?

Tout d’abord, selon moi et sans trop d’exagérations, ce projet est en avance sur son temps, typique des années 2050. Avec sa certification Site 2000 watts, le Quartier de l’Étang se rapporte au standard 2050 tel que défini par la norme SIA 2040 tenant compte de l’écobilan, de l’exploitation et de la mobilité induite. Concrètement, les contraintes réglementaires sont un premier défi en soi pour un tel projet, aggravées ici dans un site exposé à l’Ordonnance pour la Protection des Accidents Majeurs (OPAM).
Mais le Maître d’Ouvrage va au-delà de ces contraintes et retourne la situation à son avantage en développant de multiples atouts : il s’impose un concept architectural singulier et une signature artistique pour la signalétique, vise les performances d’un Site 2000 watts, choisit la production de chaud et de froid sur l’eau du lac, réduit les places de stationnement en sous-sol par la mutualisation, se fixe un délai de réalisation de 5 ans et engage simultanément les travaux de toutes les constructions ainsi que des infrastructures et aménagements extérieurs.

On est vraiment ici dans la création sous la contrainte, celle des réglementations d’abord, à laquelle nous ajoutons nos propres objectifs, ce qui rend le quartier unique, dans sa démarche et dans son résultat.
Il y a quelques autres sites 2000 watts ou projets portant de telles ambitions, mais je crois que, à cette échelle, ce projet est encore assez inhabituel sur terre ! (rires)

Mais finalement, construire un quartier, est-ce bien différent que de construire un groupe d’immeubles ?
Je me pose la question à voix haute, quand passe-t-on d’un projet de groupe d’immeubles à celui de quartier ? Faut-il se fier aux critères quantitatifs (surfaces, volumes construits), qualitatifs (diversité du programme, production d’énergie dédiée, spécificités et historique de l’état existant initial) ou encore administratifs (modification de zone, PLQ) ?
Je crois que la notion de quartier, comme morceau de ville, apparaît lorsqu’on part d’une page blanche et que l’objectif est de reconstituer tous les services et fonctionnalités qui marquent une identité, une certaine autonomie locale. Il faut anticiper ce qui donnera cette personnalité au quartier et qui marquera l’esprit de ville.
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À quoi faut-il faire attention ?
Pour rester dans l’image de cuisine, il faut avant tout maîtriser la cuisson. Plus précisément, il est nécessaire de définir le menu en amont, de fixer les prix, de choisir ses ingrédients, ses moyens de préparation, et finalement d’ajouter des tables pendant le service et rester disponible pour les extras demandés par quelques clients.

Le Quartier de l’Étang intègre Génilac dans son projet énergétique. Comment construire un quartier avec ce type de contraintes ?
Il ne faut pas avoir peur de l’eau. Plus sérieusement, Génilac fait partie d’un plan global mené par les SIG sur le canton et nous avons la chance d’avoir pu l’intégrer au projet afin d’en faire bénéficier le Quartier de l’Étang. Cela s’inscrit directement dans la volonté du Maître d’Ouvrage d’offrir un quartier innovant et responsable énergétiquement.

Comment gère-t-on un projet d’une telle envergure, avec des spécificités énergétiques, des dizaines d’acteurs et l’ambition que se donne le Quartier de l’Étang ?
Ce projet mobilise de nombreux acteurs, parmi lesquels le Maître d’Ouvrage et ses délégués, une équipe de Représentants du Maître d’Ouvrage (RMO) au sein de Urban Projet, des mandataires spécialisés dans tous les domaines impliqués, des entreprises, les autorités politiques, des clients, des riverains, etc.
Chez Urban Project, nous avons mis au point un système qualité spécifique, en définissant précisément nos différents champs d’activités, en désignant des responsables et définissant des procédures. Avec un projet de cette importance, les organigrammes sont une bonne cartographie pour le repérage des acteurs et de leur rôle.

Quels sont les enjeux clé quand on dirige un tel projet ?
La clé est surtout d’avoir une bonne équipe. Avec un projet de cette importance, il est nécessaire d’accompagner et de suivre au plus près chaque étape. Une bonne communication entre chaque partie est également essentielle pour ne pas se faire surprendre à la moindre difficulté. Quant à moi, je me charge de faire le relai entre le Maître d’Ouvrage et les équipes, j’infuse et je diffuse l’information dans les 2 sens.

Le Quartier de l’Etang se veut être une nouvelle ville dans la ville. Mais que va-t-il apporter au canton de Genève et à ses habitants ?
La magie des grandes villes est d’avoir différents cœurs. Elles ont le potentiel merveilleux de proposer de multiples centres regroupant des activités et possibilités diverses et de permettre à la population d’accéder à un ensemble de services. C’est certainement ce que sera le Quartier de l’Étang pour Genève, un nouveau cœur battant. Par sa mixité, il reflètera toutes les composantes et le potentiel de la vie sociale. Il porte bien son surnom de « ville dans la ville ».

D’ailleurs, les nouveaux habitants du quartier vont arriver cet été, comment allez-vous continuer à gérer le chantier avec eux ?
C’est l’un des sujets sur lesquels nous travaillons actuellement. Le chantier va peu à peu s’adapter et se rétracter au gré des bâtiments livrés et occupés, et ce, dès août 2021. Notre objectif est d’impacter le moins possible le quotidien des premiers habitants. Tout l’enjeu sera de coordonner la poursuite des chantiers tout en assurant leur accueil. Nous mettons l’accent sur la communication pour bien expliquer la situation et son évolution. L’avantage de construire tout un quartier en seulement 5 ans c’est d’offrir rapidement à ses habitants un espace de vie fonctionnel et agréable.

Dans la mouvance du Quartier de l’Étang quels sont, selon vous, les projets immobiliers actuels ou à venir novateurs en Suisse ?
Je suis attentif aux projets qui intègrent des standards énergétiques novateurs et dont les Maîtres d’Ouvrages, responsables, ne craignent pas d’ajouter aussi d’autres contraintes : des structures bois, une conception bioclimatique basée sur le low-tech, donner aux habitants les clés de leur confort et leur faire confiance. Il y a encore beaucoup de choix courageux à prendre et d’expériences à mener pour accompagner les transitions qui s’imposent. La construction est un domaine qui cherche à innover et c’est encourageant !
 

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